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Abstract

Le silence fait partie intégrante de l’histoire de Thérèse Desqueyroux. A Argelouse, née d’une famille dont la tradition exige l’effacement de l’individualité, elle n’échappe pas à cette répression en se mariant avec Bernard, ni en se sauvant à Paris. La nature inéluctable de son destin fait qu’elle est parfois comparée aux héroïnes tragiques Andromaque et Phèdre. Néanmoins, la parole de cette dernière possède un pouvoir que celle de Thérèse ne détient pas. Malgré la nature étouffante du mutisme imposé sur elle, le silence prend quelquefois un côté positif, notamment lorsque Thérèse est auprès de son amie Anne de la Trave. La présence de la jalousie affective semble possible, surtout par l’hostilité de Thérèse envers Jean qui culmine en la scène des épingles. Certaines critiques ont soulevé la possibilité de thèmes queer dans l’ouvrage, quoiqu’il s’agisse d’une quantité très restreinte. Le manque d’analyses sous cette optique est peut-être dû à la nature implicite de ces thèmes ainsi que le souci de l’historicité, deux problématiques auxquelles doivent faire face chaque chercheur/euse qui s’intéresse à l’histoire queer. Le silence étouffant est un thème queer, fait qui devient évident en considérant, parmi bien d’autres exemples, celui qu’a gardé Mauriac sur cet aspect de sa vie, ainsi que les révisions de Wilde qui ont supprimé ou réduit l’intensité de l’amour entre hommes dans son écriture. Les complications qui surviennent en documentant l’histoire queer ont fait que parfois ce silence se perpétue, phénomène troublant qui peut être mitigé avec une approche qui tolère l’incertitude et l’ambiguïté.

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