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Abstract

Les protagonistes juifs dans les œuvres littéraires québécoises peuvent être qualifiés à ce que Hutcheon désigne comme « ex-centrique » (HUTCHEON, 2002). Appartenant à la marge, le personnage ex-centrique possède une identité complexe qui n’est jamais univoque. Comme l’énumère Janet Paterson, le répertoire du personnage de l’Autre dans le roman québécois est organisé en fonction des catégories suivantes : race et nationalités, étranger qui arrive dans un village, identité sexuelle, religion et santé mentale (PATERSON, 2004). À la recherche de soi, les marginaux ne cherchent pas la vérité sur eux-mêmes à travers une seule conscience, mais, comme le signale Mikhaïl Bakhtine, à travers plusieurs consciences qu’ils incarnent simultanément (BAKHTINE, 1984). En tant que figures périphériques dans le monde majoritairement chrétien, les Juifs se servent de plusieurs stratégies afin de survivre et conserver leur héritage, par exemple, ils changent souvent leurs noms et deviennent figures caméléonesques qui se métamorphosent pour se protéger en camouflant leur identité pour mieux ressembler aux membres de n’importe quel groupe autour duquel ils se trouvent (GLASER 2016). En ce qui concerne l’altérité, il y a deux catégories de récit : celui où nous pouvons observer la mise à distance de l’Autre et celui où l’Autre est le sujet énonçant (HAREL, 1989). D’une part, certains écrivains présentent les Juifs qui prennent la parole et veulent dépeindre la réalité de leur point de vue (Vanasse, Lasry, Salomon). D’autre part, des auteurs non juifs les décrivent comme un Autre vu à distance (Fahroud, Beaudoin, Thériault). Dans les deux cas, nous pouvons observer la revalorisation de la vie d’une communauté marginalisée dont la présence au Québec est bien visible. Enfin, la communauté juive n’est pas homogène non plus, alors, l’Autre juif possède plusieurs facettes que nous cet article va démontrer.

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