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Abstract

L’écrivain migrant contemporain tente d’accéder à la reconnaissance dans la littérature-monde en français, et ceci dépend grandement de la décentralisation de la littérature française nationale. Étant un migrant politique, professionnel, issu d’une diaspora ou autre, l’écrivain, coupé de ses racines nationales, renonce à sa patrie et écrit à partir d’un espace situé entre-deux cultures. Ici, l’identité de l’individu surpasse l’identité culturelle. Les psychologues s’accordent à dire que les mêmes mythes se retrouvent à la base du subconscient collectif de chaque culture ; le mythe représente donc un lieu commun auquel l’écrivain migrant peut s’ancrer. Grâce à quelques exemples, nous verrons comment le mythe peut servir de patrie littéraire. Milan Kundera et Éric-Emmanuel Schmitt emploient le mythe d’Ulysse dans leurs romans L’Ignorance et Ulysse from Bagdad pour établir un lien entre leurs personnages et le voyage/retour mythique. Gisèle Pineau reprend ce mythe dans L’Exil selon Julia et en propose une réécriture créolisée qui souligne son identité hybride. Ying Chen fait elle appel au mythe de Sisyphe dans son roman Quatre mille marches afin de faire découvrir le travail de reconnaissance que font les auteurs qui écrivent dans une langue seconde. Avec ce dernier exemple, nous montrerons que la langue de la littérature fait office de patrie dans l’exil. Le voyage physique permet une transcendance des espaces nationaux pour pouvoir toucher au plein potentiel de l’individu, et le voyage figuré de l’acte de l’écriture sert de patrie « littéraire » à tous les écrivains migrants. Ceux-ci trouvent leur patrie supranationale à l’aide des surhumains—à travers le mythe.

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