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Abstract

Le cinéma de la décennie des années 90 est marqué par les débuts du réalisateur engagé Mathieu Kassovitz, avec en l’espace de deux ans deux films sortis sur les écrans, Métisse et La haine. Avec des problématiques centrées autour du multiculturalisme français et des tensions entre communautés, ces œuvres sont à cet égard ancrées dans l’actualité alors que la France subit depuis plus de trente ans une période de crise identitaire, où elle s’interroge sur la pérennité de son modèle d’intégration. En donnant voix aux marginalisés, Kassovitz renverse les dynamiques habituelles de pouvoir et permet de donner une plus grande visibilité aux exclus et à ceux que leur différence éloigne de la norme tout en dressant un portrait brut et honnête de cette décennie. Cet essai se penche sur les problèmes sociaux abordés et leurs représentations dans les deux films ainsi que sur le changement stylistique de genre dans le cinéma de Kassovitz, entre comédie romantique et film de banlieue. En fil rouge, l’idée de la construction d’une utopie dans Métisse et de la déconstruction d’un modèle social multiculturel stable dans La haine permettra d’apporter un regard nouveau sur ces productions et de voir comment elles participent à l’émergence d’un cinéma social mais apolitique. Nous verrons donc que le cinéma de Kassovitz est un véritable prodrome des crises post-2000, et qu’il est déterminant dans l’imaginaire collectif car il exorcise les peurs sociales, comme la mixité, les conflits de classe, l’exclusion et même s’il n’apporte pas de réponses préfabriquées, il propose une saine réflexion sur la situation sociale de la France sans imposer un agenda politique à ses spectateurs.

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